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Collège de Passamainty

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Récit d’un Bivouac avec les 401

Tient, les Revoilà ceux-là !!!

Au début, je n’en croyais pas mes oreilles… Ils m’avaient dit qu’ils reviendraient deux mois plus tard… Il y a… un an !
Alors… quand mes amis les « Tursiops » m’ont raconté qu’ils avaient croisé Monsieur Fabre au large de l’Îlot Bandrélé dimanche dernier et qu’il leur avait annoncé qu’ils seraient de retour… Je me suisditque c’était des « herbiers » tout ça…

Quels farceurs ces Tursiops !
Ils m’ont pris pour une « Tortoise », Moi ? Moi, qui ? Ben… Continue de lire et tu sauras !
J’ai failli en avaler de travers mes algues favorites !
Mais… Je suis quand même allée vérifier…Mercredi 14 mars à 14h15, Grande Plage de Saziley.
Ben… J’y étais et... j’ai vu personne…

Heureusement, je n’y suis pas allée pour rien, avec tous ces beaux mâles… ces beaux herbiers…
« Peace, love and turtlediem », c’est ma devise !Il faut bien profiter de la vie et puis…

Saziley, c’est « The place to be » !
Une« Aire marine protégée », c’est synonyme de « Lieu de rencontre incontournable »… Ce n’est qu’après avoir rencontré une bonne quinzaine de mâles que je pourrai constituer ma spermathèque pour donner naissance à tous mes petits. C’est encore mieux que les « turtlebook », « turtletok », « instaturtle »… C’est aussi des mets de choix… un haut lieu de ponte, un peu « overbooké » à cette période, et surtout... mon lieu de naissance !

Savais-tu que Mayotte était un carrefour de la migration des tortues marines, « Turtles in English », à ne pas confondre avec « Tortoises, tortue terrestre in French », et que tu pouvais y rencontrer 5 des 7 espèces présentent dans les océans ?
La très très très timide « Lepidochelys olivacea »-« Kirikou turtle » avec ses 40 kg pour 60 à 75 cm ; la très très timide « Dermochely coriacea »-« Goliath turtle » avec ses 500 à 900 kg pour 190 à 230 cm ; la très timide « Caretta Caretta »-« Bulldog turtle »avec ses très puissantes mâchoires et ses 129 Kg pour 80 à 120 cm ; la timide « Eretmochelys imbricata »- « Captain hook turtle » avec son bec crochu et ses 70 kg pour 70 à 100 cm ; et moi, dont la renommée n’est plus à faire… la « Chelonia mydas »- « Green turtle » avec mes 120 à 250 kg pour 110 à 130 cm.

Hey ! Si tu comprends rien au latin… demande à « Turtloogle est ton ami » !

22% du littoral de Mayotte sont considérés comme des lieux favorables pour notre reproduction : 135 sur 200 plages ont été définies comme sites de pontes pour moi et 63 pour « Captain hook ». Chaque année, environ 100 « Captain hook » et entre 3000 et 5000 de mes soeurs viennent pondre sur les plages mahoraises.

Bon… La séance de latin, c’est fait !

Enchaînons notre petite histoire… par une leçon de SVT…
Tu peux me différencier des mâles aisément… moi, calme et sociable, j’ai un plastron plat et une petite queue et eux… un peu patauds pour grimper sur ma carapace… et agressifs, un plastron creux et une queue longue et forte…

J’avais besoin de pondre… 150 à 200 œufs ça fait lourd à porter !
J’attendais simplement le moment propice… Je faisais donc une petite sieste posée sur une patate au fond de l’eau, sans respirer.Et oui… je bats des records d’apnée ! Je peux rester 6 heures endormie sans remonter à la surface pour respirer.

Soudain… j’ai senti des vibrations de pas sur le sol et c’est là… qu’ils sont enfin arrivés avec 2h00 de retard !
Les pauvres ! Les « Rallys du Sud », un truc comme ça… les avaient oubliés ! Mais, comment peut-on les oublier ? Moi, je m’en souviens comme si c’était hier !

Après les aller-retours de Monsieur Fabre entre Vahibé et Passamainty pour rassurer les élèves qui les y attendaient, la course-poursuite de Mesdemoiselles Laborie et Philibert avec les élèves de Passamainty restés au collège, ils sont tout de même arrivés en convoi exceptionnel à Moutsamoudou avec 2 bus dont un… minibus VIP : 8 places, vitres teintés, radio high tech et climatisé… Quand les élèves de Vahibé l’ont vu arriver… Ils ont d’abord cru que c’était unelimousine… Tout ça pour eux ? Ils n’en croyaient pas leurs yeux et se sont jetés dedans… tout comme Mesdemoiselles Laborie et Philibert à Passamainty !

Ah ! Ces veinards ou plutôt veinardes !!!...
Quel Gentleman ce Monsieur Fabre, il s’est tapé le vieux bus à l’aller comme au retour…

Arrivés à Moutsamoudou, ils ont avalé leur pique-nique et guidés par Yasser de l’Association des Naturalistes, ils ont marché comme des « warriors », les filles en tête… Bon… Pas tout à fait… Saouda et Karima, deux des élèves « Ulysse 31 »les ont courageusement suivi à leur rythme…

Pas le temps de jouer, cette fois-ci,pour rattraper leur retard et profiter un maximum de mon élément naturel. Yasser était accompagné de son équipe, Léa,une Naturaliste scientifique chargée de survoler la zone avec son drôle d’engin… un drône, je crois… pour recenser les espèces qui fréquentent Saziley et notamment l’invisible mais bien visible, « Dugong », une célébrité locale,et…Arsalanneque les élèves avaient déjà rencontré lors des interventions sur la « Prévention contre l’érosion à Mayotte ».

Après une rapide installation dans les tentes et… le temps queles garçons se changent… Ils se sont faits désirés ceux-là ! Ils m’ont rejoint armés de masques, tubas, gilets de sauvetage et paddles… Ils étaient encadrés par deux splendides sirènes. Ilam le troisième « Ulysse 31 » les a suivis comme un poisson dans l’eau et Monsieur Fabre est resté avecKarima et Saouda. Saouda a réussi à aller dans l’eau jusqu’aux genoux et entièrement, un peu portée... Un petit plouf mais un grand exploit pour elle ! Et Karima s’est aventurée jusqu’au tombant malgré quelques tasses… Madame Philibert s’est transformée en Capitaine de paddle, tractant courageusement son groupe au tombant, et Madame Laborie en Cheffe de commando pour trouver les tortues. Tout ce beau monde a fini par se rejoindre au bord pour jouer aux « Pirates des Comores » et tenter de faire chavirer les paddles. Quelle raclée, ils se sont pris face à « Tati Sparrow » !

Mais… J’ai encore fait ma timide… et puis, je sais que j’y vois pas grand-chose mais là… on m’a dit que c’était les mêmes que l’année dernière… Mis à part Yasser et Monsieur Fabre, je ne les ai pas reconnus !
Alors, je me suis cachée…

Ils ont fini par sortir de l’eau peu avant 18h00 pour échapper à l’orage qui grondait. Après s’être lavés au puis, un copieux apéritif sans alcool les attendait, à l’abri de la pluie, sous le faré rénové par les Naturalistes. Ils en ont bien profité sous le regard envié de deux « Grands makis » qui étaient perchés là.

Une fois la pluie passée et l’apéritif englouti, ils se sont mis à table pour déguster un délicieux rougail « thon aux lentilles » dont seul le chef cuisto, Madi, a le secret. Ils se sont régalés et… se sont empiffrés toute la journée… La PARS, le pique-nique, l’apéritif, le dîner plus les gourmandises apportées par certains et les « mashmallow » au coin du feu…

La digestion a eu raison de certains qui commençaient à piquer du nez au cours de la veillée… au point qu’ils sont allés se coucher tôt mais… ce n’est une fois que certains étaient déjà au lit, dans leurs tentes, que Yasser m’a aperçu. Il a de bons yeux celui-là, un rien ne lui échappe ! Bon… C’est facile avec une longue vue à vision nocturne,surtout quand il fait nuit noire !

Il en a de la chance parce que moi, j’aurai bien aimé que la lune pointe le bout de son nez !
L’absence de lune rend ma progression périlleuse… Je n’y vois rien et je suis très vulnérable… Me hisser sur la plage avec mes quatre pattes… Je me sens lourde et j’en souffre… J’en pleure à chaudes larmes tellement le sable me pique les yeux… mais là… je n’ai pas le choix, c’est le moment !

Il faut que je me vide !Aller… encore un petit effort, j’y suis presque… je creuse mon trou…
Oups ! C’est dans le trou d’une autre… Pas grave… je creuse quand même, priorité à mes œuf et… tanpis pour ceux des autres !

Pendant ce temps, au campement, les dormeurs ont été réveillés et tout le monde s’est équipé… tout de noir vêtu ou torse nu pour certains… « Dress-code » obligatoire ! Ils attendent patiemment le signal de Yasser transmis par talkie-walkie à Taouzatiqui est chargée de les accompagner sur la plage.

Ils attendent quoi ? Que je ponde pardi ! Ben… Si je suis dérangée, je fais immédiatement demi-tour sans avoir pondu et je risque de tout larguer dans l’eau… Qu’est-ce que tu crois ? C’est lourd à porter ! Parfois… tu restes coincée dans les racines, entre les rochers, dans l’enchevêtrement de déchets ou… entre des mains mal intentionnées !
Le braconnage est pour nous la première cause de mortalité à Mayotte. Environ 350 d’entre noussont retrouvées dépecées chaque année. Les importants bénéfices dela vente denotre viande encouragent les braconniers. Les peines infligées nous semblent insuffisantes pour les en dissuader… 10% des futures mères sont victimes de braconnage… Les conséquences sur la viabilité de notre population sont dramatiques.
Savais-tu qu’avec près de 2 000 tortues vertesqui fréquentent ses herbiers,Mayotte est considérée comme un hot spot d’alimentation ?Cette particularité lui procureune grande responsabilité ! La sauvegarde des populations de tortues marines de tout l’océan Indiendépend de celle qui fréquente Mayotte.
Je me sens rassurée, un poisson clown, qui passait par là, m’a expliqué que c’était la même classe mais avec des élèves différents cette année. Bien… Je crois qu’ils commencent à trouver le temps long… Ils attendent le signal alors… C’est parti… Je ponds…
Si 5 de mes petits survivent, je serai une mère accomplie !

Ah… Les voilà qui s’approchent…

Oups ! Que fait-il celui-là ? Un juvénile pas encore arrivé à maturité ? Il est entrain de s’échapper… Hey ! « Turtle ninja », reviens !... C’est trop tôt !... Tu vas mourir !... Même pas le droit de l’aider, c’est la sélection naturelle… Vite, un mouchoir pour Madame Laborie !

Ouf ! Heureusement, ce n’est pas l’un des miens… T’imagine même pas les dangers que vont rencontrer mes petits !
Sur terre, les chiens errants aux dents pointues, les crabes à grosses pinces... Dans les airs, les oiseaux au bec acéré… En mer, les poissons à grandes dents, la pêche accidentelle, la collision avec les bateaux... Sans compter, la famine à cause de l’érosion du littoralqui envaseles zones d’alimentation, l’étouffement par ingestion de macrodéchets confondus avec des proies…

J’ai presque fini de pondre… Parfois ça peut durer 3 heures… Il ne me reste plus qu’à reboucher mon trou… en creuser un autre pour leurrer les éventuels prédateurs et… retourner à l’eau. Toujours pas de lune, la progression va être difficile pour retrouver l’océan. Heureusement que Yasser est là pour éclairer de sa lumière rouge…

Bon… voilà les amis… Je peux m’estimer heureuse d’avoir trouvé mon chemin du premier coup car tu sais… les déchets accumulés en mer et sur les plages nousgênent pour creusernos nids. Le long du littoral, la pollution lumineuse et la dégradation des plages de ponte diminuentle succès de sauvegardede notre espèce en perturbant pontes de nos œufs et émergences de nos petits.
Aller… Je reprends la mer…

La nuit fut courte pour les 401 avec certains « Grand makis » que Monsieur Fabre a dû chasser pour que tout le monde puisse dormir. Des ronflements se sont vites faits entendre et parfois… des voix se sont élevées durant la nuit… mais à qui peut-elle bien parler dansson sommeil ?

Levés aux aurores vers 5h30… Les voilà déjà entrain d’arpenter la plage en quête des nombreuses traces laissées durant la nuit… Là, une tortue commence à monter… et celle-ci à redescendre… Oh ! Celle-ci a fait un aller-retour sans pondre ! Tu entends les aboiements ? Les chiens sont très certainement tombés sur une émergence… Pauvres petits !...Et ici, regarde toutes ces têtes qui nous observent… etlà-bas… Oups ! Fermez les yeux… Interdit aux moins de 18 ans !

Et comme chacun sait… une bonne observation, ça ouvre l’appétit !
Voilà un petit déjeuner bien mérité avec des tartines à la pâte à tartiner « Harrys » au chocolat et… une petite recette maison de boisson énergétique : Verse du oubou dans un bol, ajoute du chocolat et du lait en poudre, fais-y infuser du thé, ajoute du sucre… Mélange le tout et… Voilà, c’est prêt ! Une mixture vite faite, bien faite pour les sportifs !Bon appétit Madame Philibert !

Après avoir rangé le campement, ils ont eu le temps de jouer au foot sur la plage jusqu’à l’arrivée du « kwassa-kwassa » chargé de récupérer le matériel.

Un dernier regard vers le large et… ils s’en sont allés en file indienne pour grimper la pente raide qui mène aux crètes… Une fois de plus, les filles ont ouvert la marche avec en plus Saouda, Karima et Ilam, notre trio des « Ulysses 31 », tandis que le reste de la troupe trainait des pieds. Ils seraient tous bien restés plus longtemps…

Je suis fière d’avoir de nouveau pu participer à une action de sensibilisation pour la sauvegarde de mon espèce. Je remercie la 401… Mesdemoiselles Laborieet Philibert, Monsieur Fabre… les Naturalistes… et bien-sûr…toi… Oui, toi qui lis ces quelques lignes… car j’espère que maintenant que tu en as appris un peu plus… que toi aussi, tu deviendras notre ambassadeur.

Maintenant… C’est à toi de jouer ! Tente de gagner un Bivouac Tortue avec les 401 l’année prochaine :
1- Comment s’appellent réellement les 5 espèces de tortues marines qui fréquentent Mayotte ?
2- Petite devinette : « Je suis la plus connue des tortues marines. J’ai le museau court, arrondi et de grands yeux en forme d’amande. J’ai seulement 2 grandes écailles préfrontales, entre les yeux, sur la tête. Ma carapace est fortement bombée en forme de cœur. » Qui suis-je ?
3- Une tortue marine s’alimente-t-elle réellement sur son lieu de ponte ?
Pour participer au grand tirage au sort, dépose ton bulletin dans le « bénitier » au tombant de la Grande Plage de Saziley.

A l’année prochaine et… au plaisir faire ta connaissance !

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Auteur : Marion Adam
Mise à jour le vendredi 31 mars 2023
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